La Grande Démission, ce phénomène américain qui désigne les 4 millions de personnes qui, chaque mois depuis le printemps 2021 (voir article précédent pour les détails), ont quitté leur job sans forcément en avoir trouvé un autre avant, a étonné tout le monde. Pourtant un enseignant de l’université du Texas l’avait utilisé pour la première fois en 2019 : Anthony Klotz. En effet, il avait déjà anticipé qu’une fuite massive des salariés serait une suite logique des dérives du modèle capitaliste moderne. Quelles conséquences peut-on entrevoir? Est-ce l’avènement d’un nouveau monde du travail? Ma réponse est OUI, et je trouve cela super excitant !

Qu’est ce que cela change?

Selon moi, ce phénomène est le début d’une mutation du monde du travail et plus précisément du rapport de force entre l’entreprise et ses collaborateurs.

Une métaphore qui me vient est celle de l’histoire de la Pâque Juive. En se libérant du joug de Pharaon, le peuple juif quitte son statut d’esclavage, et accède à la liberté.

Ici, nous sommes en train de nous libérer d’un sytème qui ne correspond plus aux évolutions technologiques et sociales d’aujourd’hui. Soyons bien clairs : le pharaon ne symbolise ni le patron ni l’entreprise. Le pharaon c’est l’intégralité du système du monde du travail.

Alors, certes, nous quittons un système, mais nous n’avons pas encore trouvé son remplaçant : de même que le peuple juif a erré 40 ans dans le désert avant d’arriver à sa terre promise, Nous ne sommes qu’au début de cette mutation. Nous pouvons imaginer une multitude d’innovations ! L’avènement des free-lance en est un exemple, et je suis sure que nous irons encore plus loin dans l’hybridation et plus de flexibilité dans le travail.

Ce que je veux dire par là c’est que nous sommes en train de passer d’un système Parent-Enfant (en analyse transactionnelle) à un système d’Adulte-Adulte. Ainsi, les entreprises ET les employeurs sont sur le même plan et deviennent CO-responsables. Entreprises et collaborateurs devront entretenir leur attractivité, leur raison d’être, leurs talents.

Quelles solutions possibles ?

Dans un premier temps, selon moi, la solution consiste à améliorer le salaire économique mais AUSSI et SURTOUT le salaire émotionnel des collaborateurs. C’est à dire que les modes de management doivent évoluer vers plus d’écoute, de considération et de reconnaissance, d’autonomie et d’évolution de carrière.

Et dans un plus long terme, je pense que la solution sera la même pour les entreprises, pour les managers et pour les collaborateurs : savoir ce qui nous anime et animer sa flamme, ce que j’appelle son essence, pour donner plus de sens à son activité.

Pour les entreprise, c’est faire en sorte que tout parte de la raison d’être de l’entreprise et faire en sort de la nourrir. Les managers devront  savoir motiver leur équipe, leur communiquer la vision et leur exprimer de la reconnaissance. Quant aux collaborateurs, ce sera d’identifier une activité professionnelle qui les nourrit de l’intérieur, pas uniquement de l’extérieur. c’est le talent, le potentiel.

Plus les entreprises qui nourrissent autant leur âme que leurs capitaux seront nombreuses, plus les collaborateurs qui auront envie de se lever le matin pour aller travailler seront nombreux, et plus le système sera vertueux et abondant.

Mais tout cela c’est possible si et seulement si entreprises et collaborateurs arrivent à se poser, à réfléchir et à investir sur l’avenir. Pour le moment, les entreprises sont trop concentrées sur le présent et leur roadmap à court terme. Elles n’ont pas forcément conscience de cet enjeu qui nous dépasse un peu tous, et c’est pour cela que je pense que l’on mettra beaucoup de temps avant de sortir de notre désert 😉