47 millions ! C’est le nombre d’américains qui ont démissionné en 2021 ! Soit en moyenne 4 millions de personnes chaque mois de l’année 2021 ! Aux États Unis, on appelle ce phénomène inédit « The great resignation », « The Big Quit », qui touche tellement de personne que cela a même entraîné un challenge sur Tiktok avec comme hashtag #quitmyjob, dépassant les 210 millions de vues.

Alors, concrètement, en quoi consiste ce phénomène ? qui cela concerne? quelles en sont les causes? est ce que ça arrive en France? Autant de questions auxquelles je vais tenter de répondre dans cet article …

La grande démission, définition

La grande démission désigne les départs massifs de salarié·es aux Etats-Unis, depuis le printemps 2021. C’est une therme qui a été utilisé pour la première fois par Anthony Klotz, un psychologue des organisations qui enseigne à l’université du Texas. Il avait proposé ce terme dès 2019, car il anticipait déjà qu’une fuite massive du marché du travail salarié serait une suite logique des dérives du modèle capitaliste moderne.

Par quoi cela se manifeste ?

Les chiffres sont impressionnants et jamais vus auparavant : 4 millions de démissions par mois. Mais ce qui est encore plus interpelant, c’est que 40 % de ces personnes n’avaient pas trouvé un autre emploi quand ils ont franchi le pas. Aujourd’hui on compte 10,7 millions de posts vacants, soit 1,5 job/chômeur.

Cela montre qu’un palier a été franchi : les personnes n’ont plus peur de quitter leur emploi s’il ne leur convient pas, et le rapport de force patron-salarié s’est inversé.

Qui cela concerne ?

Aux US, cela concerne les personnes qui occupent un poste peu qualifié (les « blue collars »). Ce sont pour la plupart des jobs peu reconnus, mais qui étaient pourtant considérés comme indispensables pendant le confinement…. Cherchez l’erreur …
Mais cela concerne AUSSI les cadres (les « white collars ») des grands groupes qui subissent des « cultures d’entreprise toxiques », comme par exemple chez Netflix, Space X.
Les personnes proches de la retraite et qui se sont mis en retraite anticipée
Et enfin cela concerne les jeunes.

Quelles sont les causes ?

Les causes que j’ai pu recenser au gré de mes lectures sont multiples. D’une part des salaires trop bas, des opportunités de carrière limitées, un.e manager qu’ils n’apprécient pas. D’autre part, la place et le sens du travail dans la vie des gens est remise en question. Mais les causes sont aussi plus profondes et structurelles. La « Grande démission » est le symptôme d’une mutation de fond, qui résulte de plusieurs phénomènes congruents.

La nature du travail a évolué :

Serge Marquis nous fait remarquer que la nature du travail évolue. Avant on travaillait avec son corps – à la fin de la journée, on voyait le fuit de son labeur. Depuis les années 60′, on travaille avec sa tête. Mais aujourd’hui, la tête est tellement sollicitée qu’elle brûle, et ça s’appelle le burn out !
Aujourd’hui, et encore plus demain, on travaillera avec notre coeur. Le sens, le purpose, la flamme, c’est cela qui va compter demain.

Le progrès techniques, internet et la digitalisation

Ils permettent de tout faire à distance , communiquer à distance, acheter à distance, et donc aussi travailler à distance (on dit que le confinement été un catalyseur puisqu’il a permis un avancement du télétravail de 30 ans en plusieurs mois !!)

Les réseaux sociaux :

Ils ont permis aux individus de prendre conscience qu’ils existaient en tant qu’individu et qu’ils avaient une voix. Ils n’ont plus besoin d’un porte parole pour porter leur voix et leur opinion.

La crise du Covid et le confinement :

Les gens ont été confrontés à plus grand et profond que leur quotidien : la mort et le sens de l’existence.
Ils ont commencé à se poser des questions existentielles, comme ce qui fait que leur vie vaut la peine d’être vécue. A partir de là ils se sont interrogés sur la place et le sens de leur travail.
Certains ont pu trouver leur travail futile par rapport au sens de l’existence. D’autres ont pu réaliser que leur travail avait pris beaucoup trop de place, combien de gens ont pris conscience du plaisir de partager un repas avec ses enfants, son amoureux. D’autres qu’il n’était plus si indispensable de passer au moins 2 heures dans les transports en commun pour aller au bureau. Et des professions socialement peu valorisées, comme les livreurs, les soignants, ont été qualifiés d’indispensables pendant le confinement alors que c’était les moins bien payés.
On le voit bien, le non sens est flagrant.

La nouvelle génération

Les millenials qui ont un rapport à l’autorité et à la hiérarchie beaucoup plus libéré, ne trouvent pas forcément leur compte entre efforts effectués et gains et avantages récoltés.

Dans les prochains articles, découvrez :

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