Après le 11 mai, un grand nombre d’entre nous sera tenté de tout faire pour rattraper le retard qui a été pris, dans les projets, le business, et ce malgré tous les changements observés pendant le confinement (voir mon article consacré aux changements entrevus pendant le confinement)… Pourtant, une fois que les besoins de protection sanitaire des collaborateurs auront été réglés, l’enjeu sera d’éviter de recommencer comme avant, avec les mêmes habitudes, les mêmes travers, les mêmes process. Comment faire de l’humain une priorité, même après la crise du Covid-19 ? Comment travailler mieux, dans de meilleures conditions et plus efficacement qu’avant ? Découvrez les 3 défis de la reprise

Changer de perspective : voir plus loin, plus grand

Une des clés pour nous aider à répondre à cette question est de se poser, de prendre de la distance par rapport à tous nos challenges court-termistes, et véritablement prendre conscience que l’on fait partie d’un tout, que nos actions ont un réel effet sur les autres et sur l’environnement. Cette métaphore peut être utilisée à l’échelle de chaque individu, mais aussi à l’échelle de l’entreprise.

Considérons les entreprises comme des atomes constitués de noyaux, la direction, entourée d’électrons, les collaborateurs. Tous ces atomes réunis (les entreprises) forment un tout, si bien que ces atomes imbriqués les uns dans les autres forment un écosystème.

Cet écosystème répond aux lois du vivant. Il a donc un but, une raison d’être au service de sa propre survie, de la survie de son espèce, des autres êtres vivants et de l’écosystème global. Le système étant vertueux, il fonctionne aussi dans le sens inverse : quand l’écosystème se porte bien, il nourrit chacun de ses composants.

Dans cette perspective, l’entreprise a donc une double mission : se redéfinir et être plus tourné vers l’humain.

Mes 5 conseils pour répondre à ces défis

L’entreprise face à sa propre survie

Définir sa raison d’être

Je suis profondément convaincue que les entreprises qui prospéreront dans les prochaines années sont celles qui auront défini une raison d’être ancrée, solide et des valeurs associées.

 Il s’agit d’injecter du sens dans l’activité de l’entreprise, de se demander en quoi elle est utile pour le monde, la société. En quoi est-elle positive, dans le sens où Jacques Attali l’entend. Autrement dit, en quoi les richesses « créées ne sont pas une fin en soi, mais un moyen pour servir des valeurs supérieures, altruistes. Une économie au service des générations à venir, et qui favorise une croissance responsable, durable et inclusive. Une économie respectueuse de l’environnement, qui sera, enfin et avant tout, au service de la société. »

En quoi l’activité de l’entreprise contribue-t-elle à la poursuite du cycle de la vie, à la prospérité ? En quoi ce qu’elle produit est-il utile au plus grand nombre ?

De cette raison d’être découleront des changements dans l’intégralité de l’entreprise : ce qu’elle produit et comment elle produit, ses modes de collaboration internes et externes, sa communication, ses modes de distribution. L’enjeu est donc notable !

2. L’entreprise et ses collaborateurs : Communiquer autrement

Écouter

La priorité des managers sera de recréer un esprit de groupe et une dynamique productive afin de rattraper au maximum le retard pris durant la première moitié de l’année. Mais une étape intermédiaire est indispensable : écouter ses collaborateurs.

Chacun aura vécu la crise du Covid19 à sa manière, et reviendra au bureau avec des émotions, des peurs, des questions, des attentes qui lui sont propres. Et tant que toutes « ces valises » n’auront pas été déposées, il leur sera difficile d’être 100 % impliqués et au top de leur potentiel. Dans un premier temps, il me semble donc indispensable d’accueillir ces émotions, d’écouter les attentes des salariés et d’essayer, dans la mesure du possible, de les prendre en compte.

Informer pour rassurer

Informez avec franchise et en temps réel sur l’état d’avancement des stratégies commerciales, opérationnelles et de développement au sein de l’entreprise. Cela empêchera la circulation de rumeurs qui pourront affecter le moral des troupes.

3. L’entreprise et ses collaborateurs : Collaborer autrement

Passer d’un management contrôlant à un management fondé sur la confiance

De nombreux auteurs s’accordent à dire que l’émergence des relations de confiance dans les univers de travail n’est pas aisée, surtout dans notre société depuis longtemps décrite comme une société de défiance qui tend à privilégier l’affrontement dans le règlement des désaccords.

Pourtant, le confinement a forcé tout le monde à accélérer la collaboration à distance, grâce aux plateformes collaboratives. Le premier bilan est plutôt positif : les managers, ne pouvant plus manager sur des critères présentiels ou micro-projet – micro-tâche, doivent davantage faire confiance et responsabiliser leurs collaborateurs. Cependant, un grand nombre de salariés peuvent souffrir d’isolement et/ou ne pas savoir structurer leurs journées et s’épuiser à la tâche.

Ainsi, ne pas perdre de vue les critères de réussite de ce mode de fonctionnement : diminuer le contrôle, mais intensifier les liens, cesser de penser tâches à accomplir et communiquer des objectifs, le délai et les méthodes pour y arriver puis laisser faire.   

Passer d’un management pyramidal à un management agile

Quel que soit le niveau hiérarchique, les salariés se sentent de moins en moins reconnus au sein de l’entreprise. Ils perdent leur motivation, ce qui nuit à leur performance et donc à la productivité de l’entreprise. Cette tendance risque d’être accentuée par les prises de conscience post Covid-19.

Il est donc peut-être temps pour les managers d’organiser et d’animer leurs équipes autrement, en mode agile. Il s’agit de réinventer le fonctionnement de l’organisation interne en misant sur les potentiels individuels de chacun et sur l’intelligence collective au service d’objectifs bien définis, c’est à dire en constituant des équipes ad hoc consacrées à un projet en fonction des compétences et expertises requises.

Vers un « Human New Deal » ?

Toutes ces mutations de fond m’amènent à penser qu’un mouvement que je qualifierais de « human new deal » est possible : une nouvelle donne tournée vers l’humain, vers le vivant.

À l’instar de Franklin Roosevelt, qui, au lendemain du krach boursier de 1929, a instauré un ensemble de mesures visant à réorganiser le système financier et l’activité économique au service du plus grand nombre, le New Deal, j’espère que les dirigeants et les managers auront le courage de remettre en question l’ancien ordre pour transformer la crise du Covid19 en opportunité. Une opportunité d’instaurer un nouveau système plus humain qui serait vertueux pour eux, leurs collaborateurs et la société.